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Une communauté fière de son indépendance et de ses traditions

Les Lébous constituent au Sénégal une communauté concentrée dans la presqu’île du Cap-Vert (Dakar), l’avancée de terre la plus occidentale du continent africain. Ils occupaient déjà cette région à l’arrivée des premiers colons. Ils sont également présents sur le Littoral Sud (Petite Côte). Pour beaucoup, ils ne constituent pas une ethnie à part, ils appartiennent à l’ethnie Wolof dont ils partagent la langue, le wolof ; d’ailleurs, le wolof serait «la langue des lébous », langue qu’ils ont en réalité parlée avant les autres sous-groupes wolof. Pour d’autres, Les Lébous seraient un groupe ethnique différent.

Ils sont aujourd’hui presque tous musulmans, mais ont conservé des pratiques issues de leur religion traditionnelle.

Les lébous sont traditionnellement des pêcheurs, même si certains d’entre eux pratiquent aussi l’agriculture. Aujourd’hui, ils sont également propriétaires fonciers dans la région de Dakar.

Origine

 

Comme pour beaucoup de peuples, l’histoire ancienne des Lébous a été un sujet de débat entre historiens.  Pour certains, dont le professeur Cheikh Anta Diop, ils ont commencé leur migration de l’Égypte ancienne, il y a plus de 7000 ans, comme leurs cousins ou ancêtres Sérères ; par vagues successives, après un long voyage à travers le nord du continent africain, ils se sont installés sur la côte atlantique, dans la région du Cayor. Mais cette théorie a été rejetée par de nombreux historiens.

Avant l’arrivée des Lébous dans la presqu’ile du Cap-Vert en 1430, cette région a connu plusieurs migrations successives, la dernière est celle des Socé. Le royaume Socé s’étendait jusqu’au-delà de la  Petite Côte.

Arrivés par vagues de migrations aux XVe et XVIe siècles en provenance de l’Empire du Djolof en train de se disloquer en plusieurs royaumes (Cayor, Baol, Walo…), les Lébous s’installèrent d’abord à des endroits distants des zones occupées par les Socé, puis un peu partout dans la presqu’île du Cap Vert. La guerre qui s’en est suivie a été sanglante et a conduit à la fuite des Socé vers la région qui constitue actuellement la Gambie.

Quête d’indépendance

 

De tout temps, les Lébous ont tenté d’obtenir, soit par la négociation, soit par les armes, leur indépendance des autorités qui les administraient.

Ce fut le cas avec les Portugais qui les poussèrent par la force hors de Gorée pour s’y installer en 1444.

Ce fut également le cas avec les Français, qui accordèrent à la communauté lébou l’auto-gouvernance. Les Lébous ont réussi à obtenir un titre à la terre et beaucoup d’entre eux sont devenus riches lorsque Dakar s’est développée et est devenue le principal centre administratif du Sénégal et de l’ouest-africain francophone. Avec l’assistance de Blaise Diagne, député du Sénégal au parlement français, ils ont obtenu l’abolition de la taxe d’entrée et l’indemnisation des communautés lébous dont les terres ont été confisquées pour construire Dakar.

Ils s’opposèrent également aux souverains successifs du Cayor, qui entendaient exercer leur autorité sur la presqu’ile du Cap-Vert et prélever des impôts sur les populations lébous. Commencée dès le début du XVIIIe siècle, cette confrontation entre les populations lébous et les maîtres du Cayor fut marquée par les batailles de Pikine (début du XVIIIe s.) qui opposa Les Lébous à Lat Soukabé N’Goné Dièye, Damel de 1697 à 1719, celle de Bargny (fin du XVIIIe s.) qui impliquèrent l’ensemble des Lébous de la presqu’île et les opposa à Damel Amary N’Goné N’Dêla qui régna sur le Cayor et le Baol de 1790 à 1809, et par la bataille contre Diambour, le lieutenant du Damel (Damel Amary N’Goné N’Dêla ou son successeur Birama Fatma Tioub qui régna de 1809 à 1832), qui ne concerna que le village de Yoff (début du XIXe s.).

Pour ce qui est de la bataille de Bargny, la tradition orale rapporte que chaque année, chaque village lébou apportait un tribut en nature au Damel (roi) du Cayor.  Lorsque ce fut le tour du village de Bargny, le Diaraf (chef de village) Ballobé Diop (aussi nommé Dial Diop) refusa de payer le tribut, rappelant que Les Lébous ne reconnaissaient aucun roi et que c’est pour cette raison même qu’ils avaient quitté le territoire de leurs ancêtres. Le Damel du Cayor, Damel Amary Ngoné Ndella Coumba Fall aurait alors déclaré la guerre au village de Bargny. Sans armée de métier, les anciens du village allèrent consulter le génie Ndogal dans la forêt de Bahadiah. Bien que largement inférieure à celle du Cayor, on rapporte que l’armée de Bargny remporta la bataille, aidée par des nuages d’abeilles qui s’attaquèrent aux troupes du roi Amary Ngoné Ndella Coumba et laissèrent miraculeusement en vie les habitants de Bargny. Aussitôt après la bataille, Ballobé Diop décida que le territoire des Lébous serait délimité pour toujours des dunes de sable jaune de Diander aux collines jumelles de Ouakam, et de l’île de Ngor aux falaises rouges de Dialaw.

Il aurait déclaré aux autres chefs de village venus le proclamer roi, à l’issue de cette victoire : « Les Lébous n’ont pas besoin d’un Damel (roi), mais de solidarité entre eux. Nos terres sont vastes et fertiles, nos forêts sont giboyeuses, la mer est là, toujours généreuse, chaque village se suffit à lui-même. Nous sommes tous parents ; en cas de difficulté, aidons-nous les uns les autres. Retournez chez vous, dirigez vos villages dans la concertation, la justice, la paix et que votre autorité ne soit pas lourde. Que le frère cadet suive son frère aîné, que le fils suive son père ».

 

 

Organisation sociale

 

 Avant l’infiltration islamique, les Wolofs accordaient une place prévalente à la lignée utérine (Xeet ou meen). C’est sous l’influence de la religion musulmane que la lignée paternelle (geeno) a pris une nette prépondérance. Ainsi, le système de succession et d’héritage qui, originellement se réalisait par voie utérine, a commencé à se faire à ce moment par un mode de transmission patrilinéaire, conformément au droit musulman. Néanmoins, le mode de filiation reste quelque peu bilatéral, la prépondérance de la lignée maternelle pouvant demeurer sur des questions non codifiées par le droit islamique. Dans tous les cas, il reste que les Lébous ont toujours accordé et accorde encore une très grande importance aux liens de sang qui déterminent leur rang et leur fonction sociale.

République lebou et organisation politique

 

La première organisation sociale connue des Lébous reposait sur l’élection de Lamane. Ces derniers étaient les propriétaires de la terre et avaient le statut de chef de village, qui, en fait, se résumait au statut de chef de famille. Petit à petit, par besoin de sécurité et d’une meilleure organisation et par souci de matérialiser leur fort sentiment d’indépendance, de nouvelles structures se mirent en place, une fois terminés les conflits avec le Cayor.

Ainsi naquit ce qu’on a appelé « la République Lébou » ou « les Républiques Lébou ».

Les personnalités ou organes de la République Lébou sont les suivantes :

  • Le Serigne Ndakarou : Le chef supérieure de la collectivité lébou. Le premier Serigne Ndakarou a été l’Imam Dial Diop (1795 – 1815), qui mena la rébellion des Lébous contre le souverain du Cayor, Amadi Goné. Le Serigne Ndakarou est reconnu par le gouvernement sénégalais comme le chef des Lébous.

Dial Diop est d’une lignée issue d’une dynastie Wolof noble du Cayor, les Diop (ou Ndiobène). Ce sont eux qui ont pris le commandement de l’Etat Lébou au XIXe siècle.

La fonction de Serigne Ndakarou a été créée en 1790, du fait d’un fort besoin d’unité ressenti au sein de la communauté lébou ; ce besoin est lui-même né des mutations de la société, notamment celles entraînées par la progression de l’Islam. À l’origine purement religieuse, la fonction de Serigne Ndakarou consistait à rendre la justice selon la loi islamique. Le premier à en assumer la charge fut Dial Diop, un musulman de mère lébou ; son père, Amadou Diop, connu également sou le nom de Goudi Diop, était un notable et marabout wolof originaire de Coki (Cayor). Sous l’impulsion du même Dial Diop, le volet religieux de la fonction fut bientôt confié à un grand imam ; le Serigne Ndakarou, délesté de son rôle religieux, s’affirma alors comme le chef d’un Etat, qu’on a appelé la “République lébou”. Cet « État indépendant » fut reconnu par le Cayor et les habitants de l’île de Gorée (c’est-à-dire des colons français).

Chef supérieur de la Collectivité lébou, le Grand Serigne joue dans la hiérarchie des grands dignitaires lébous un véritable rôle de Président de la République. Il est assisté dans ses tâches d’un «Ndèye Djirew» (ministre de l’Intérieur, responsable de la propriété foncière), d’un «Saltigué» (ministre de la Défense), d’un «Ndèyi Ndiambour» (président des Assemblées consultatives), etc. Ces autorités coutumières constituent des contre-pouvoirs qui font qu’un Grand Serigne de Dakar est loin d’un dignitaire omnipotent. Il est fréquent qu’il soit fortement contesté, au point de devoir faire face à un, voire deux alter-égo qui animent une dissidence. Il peut même être destitué en plein mandat, comme ce fut le cas de Matar Diop, fils et premier successeur de Dial Diop ; il fut limogé par l’assemblée des « Ndiambour », suite à un grave différend ayant opposé sa famille au Damel du Cayor, Biram Fatim Thioub, en 1831.

Depuis, Dial Diop, les Grands Serigne de Dakar suivants se sont succédé :

1795-1815 : Dial Diop, 1er Serigne Grand Serigne de Dakar.

1815-1831 : Matar Diop, dont l’autorité fut fortement contestée par Matar Sylla.

1831-1855 : Elimane Diol, d’ascendance toucouleur, mais apparenté à Dial Diop par sa mère.

1855-1870 : Mouhamed Diop, fils de Matar Diop.

1870-1887 : Thierno Diop, surnommé « Dial Diop II ».

1887-1893 : Demba Fall Diop.

1893-1896 : Massamba Coki Diop N°1, d’ascendance cayorienne.

1896-1942 : Alpha Diol, fils d’Elimane Diol.

1915-1923 : Abdou Cogné Diop.

1923-1962 : El hadji Moussé Diop.

1932-1969 : El haj Ibrahima Diop.

1949-1950 : Abdoulaye Diop.

1969-1985 : El Momar Marème Diop.

1985-2013 : El hadji Bassirou Diagne, 4e Serigne Ndakarou à ne pas porter le nom « Diop », après Elimane Diol, Alpha Diol et Matar Sylla. Durant ses 27 ans de règne, Bassirou Diagne fut successivement contesté par El hadji Mame Youssou Diop, El hadji Libasse Diop, El hadji Ibrahima Diop et enfin Massamba Coki Diop.

2013- …… : Abdoulaye Makhtar Diop contesté par Pape Ibrahima Diagne, fils de Elhadji Bassirou Diagne ; il revendique lui aussi le titre de Serigne Ndakarou

 

  • Le Djaraaf : À la tête de chaque communauté ou village lébou, on trouve donc le Djaraaf qui remplit un rôle équivalent à celui d’un chef de gouvernement.

 

  • Le Ndey Dji Rew : aux côtés du Djaraaf, le Ndeye Dji Rew a un quasi statut de ministre de l’Intérieur et des Affaires étrangères. Ndeye Dji Rew signifie mot à mot “mère du peuple”. Cette fonction n’est cependant pas remplie par une femme mais par un homme considéré comme une “mère” traditionnelle personnifiant le totem du village.

 

  • Le Saltigué : Il apparaît comme un ministre de la Défense, chargé de la terre, de l’eau et des cultes ; au titre des cultes, il doit s’assurer que les récoltes et la pêche seront bonnes en apaisant le totem qui est attaché au village.

Les titulaires des fonctions de Djaraf, Ndeye Dji Rew et Saltigué doivent nécessairement appartenir à des lignées matrilinéaires (khêt) différentes. Cette mesure découle de l’intention déclarée d’éviter que tous les pouvoirs puissent être concentrés entre les mains d’une seule famille, ce qui équivaudrait à un régime monarchique.

Les trois personnages, Djaraf, Ndeye ji rew et Saltigué, sont assistés par des assemblées : le Djambour ou conseil des anciens et l’assemblée des Freys.

  • Le Djambour ou Conseil des anciensse compose de résidents authentiques et hautement expérimentés. C’est à ce même Djambour que revient d’élire le Djaraf, le Ndeye Dji Rew et le Saltigué.

 

  • L’Assemblée de Freysregroupe les personnes qualifiées de “jeunes”, c’est-à-dire les hommes âgés de cinquante-cinq ans environ. Ils constituent une sorte de police chargée du maintien de l’ordre et de l’exécution des décisions du Djambour.

Les Pinthie ou assemblées locales.

 

Les Lébous ont subdivisé Dakar en 12 Pinthies, qui sont en même temps des quartiers traditionnels et des assemblées.

Les douze Pinthies de Dakar étaient tous situés d’abord dans le Plateau, au centre-ville. C’est par la suite que six des douze Pinthies (Santhiaba, Ngaraaf, Diècko créés par les Diagne, Mbakeundeu créé par les Mbaye, Thieurigne créé par les Ndoye et Kaay Ousmane Diène créé par les Diène) ont été transplantés vers le quartier de la Médina, soit du fait du déplacement des populations à la suite de l’épidémie de peste qu’avait connue Dakar, soit pour céder les surfaces occupées à l’administration coloniale qui y installa des infrastructures comme le Palais du Gouverneur Général de l’Afrique occidentale française (AOF) devenu Palais présidentiel à l’indépendance en 1960. Les six autres ont échappé au déplacement de 1914 vers la Médina. Il s’agit de Kaay Findiw créé par les Diène, Gouye Salane créé par les Dione, Khocc créé par les Guèye, Yakh Dieuf créé par les Samb, Mbot créé par les Paye et Thieudeme créé par les Mbengue.

Les 12 Pinthies sont :

  1. Diecko: quartier qu’on retrouve au Plateau et à la Médina.
  2. Gouye Salane: Au Plateau, il se situe entre les rues Liban, Ngalandou Diouf, Ely Manel Fall et l’Avenue Lamine Guèye. On retrouve aussi Gouye Salane à la rue 39 à la Médina, au célèbre quartier Angle Goumba.
  3. Kaay Findiw: Kayes Birame Codou Mbengue ou Kayes Findiw se situe entre l’actuelle Intendance militaire sur l’Avenue Lamine Guèye, les rues de Liban (ex-Tolbiac) et Lapérine.
  4. Khocc: le Khocc originel se trouve entre les rues Wagane Diouf, Ngalandou Diouf, Lamine Guèye, Saint-Michel, Talmat, Robert Brun. Cette rue-ci porte le nom de l’un des premiers commissaires de police français qui dirigea le Commissariat central de Dakar. Ensuite, avec l’extension de la ville de Dakar, Une partie du Pinthie de Khocc s’est transportée à l’actuelle Fann Hock, et une autre est à Colobane, entre la Gendarmerie nationale et l’autoroute.

5.Ngaraaf: quartier qu’on retrouve au Plateau et à la Médina.

6.MBakeundeu: quartier qu’on retrouve au Plateau et à la Médina.

7.Mbot: il est actuellement situé au Plateau entre la gendarmerie Thiong, les rues Raffenel, Mbaye Guèye et une partie de Paul Holle

8.Ousmane Diène: quartier qu’on retrouve au Plateau et à la Médina.

9.Santhiaba: quartier qu’on retrouve au Plateau et à la Médina.

10.Thieudème: Le Pinthie de Thieudème, qui a vu naître Ngoné Mbengue, la mère de Dial Diop, premier Grand Serigne de Dakar, se trouve entre les rues Mbaye Guèye, après le marché Sandaga, l’Hôtel des députés, une partie de la rue Paul Holl, Fleurus et l’avenue Emile Badiane.

11.Thieurigne: quartier qu’on retrouve au Plateau et à la Médina.

12.Yakh Dieuf: Il occupe les rues Paul Holle, Liban, Ngalandou Diouf, Fleurus, Diaraf Modou Assane Paye et Ely Manel..

Les Pinthies jouent un rôle important dans l’élection du Grand Serigne de Dakar. En effet, chaque assemblée de Pinthies ou Djambour envoie des délégués pour l’élection du Grand Serigne.

Par ailleurs, chaque Pinthie lébou se caractérise par une pratique très reconnue. Par exemple, à Kayes Findiw, les Mbengues soignent les maladies de la sphère Orl (oreille, nez, gorge…). À Thieurigne, on pouvait retrouver des spécialistes du Coran d’où le nom de Thieurigne (Serigne ou maître coranique), mais également le guérisseur de la fièvre jaune qui reçoit tous les jours des patients. Les Samb se retrouvent à Yakh Dieuf, les Ndoye à Gouye Salane, les Guèye à Khocc, les Paye à Mboth.

 

Culture

Langue

Les Lébous parlent le wolof, langue parlée au Sénégal, en Gambie et en Mauritanie. Ils sont classés parmi les Wolofs, avec lesquels ils partagent la même langue. Selon beaucoup de chercheurs, dont Pathé Diagne, La langue wolof elle-même viendrait de la langue lébou. Ce seraient donc les Wolofs qui parlent plutôt la langue des Lébous. Selon d’autres, le mot « Wolof » était originellement utilisé pour désigner les habitants de Lof « waa-lof » (Wolof: « le peuple de Lof »), une ancienne province du Waalo dont les populations se faisaient appeler wa-Lof ou les gens de Lof, ce qui littéralement veut dire : les gens du bord de l’eau. Toujours, est-il que, aujourd’hui, Le groupe wolof-lébou apparaît comme une entité qui, par delà les particularités locales des différents rameaux qui le composent (Waalo-Waalo, Saloum-Saloum, Ajoor Ajoor, Les Lébous, les Njambour-Njambour, les Baol-Baol, etc.), parle la même langue commune, présente les mêmes traits physiques et se distingue par les mêmes modèles sociaux, le même sens aigu des relations sociales et à quelques variantes près, les mêmes formes de croyances.

 

Patronymes

Parmi les noms de familles souvent portés par Les Lébous, on relève notamment : Ndoye, Diene, Paye, Thiaw, Gueye, Ndir, Mbengue, Sembène, Yade, Mbaye, Bakhoum, Diagne, Samb, Nguirane, Thiongane, Youm, Seck  … . Lébou et Wolofs portent souvent les mêmes patronymes. C’est ainsi que Gueye, M’Bengue, Gaye et Samb sont aussi bien portés par les Wolofs que Les Lébous et que par ailleurs un grand nombre de Lébous portent les noms typiquement wolof, Ndiaye et Diop. Beaucoup de patronymes Sereres se retrouvent chez Les Lébous : Diène, Mbengue, Bakhoum, Paye, qui serait une déformation de Faye, patronyme Sérère. Le nom Diagne, d’origine maure, est porté par beaucoup de Wolofs et de Lébous, à la suite d’une wolofisation ancienne.

 

 

Religion, Croyances, Valeurs et Traditions

La religion traditionnelle des Lébous est l’animisme, comme toutes les autres populations sénégalaises. Ils ont été convertis à l’islam entre le XVIIe siècle et la fin du XXe siècle par les musulmans de la province du Diambour au Cayor, venus s’installer sur la presqu’île, et par les commerçants Maures.

Même si les us et coutumes de plusieurs communautés ont été bouleversés, à la fois, par l’Islam et le modernisme, Les Lébous restent une des communautés les plus attachées aux cultes et croyances traditionnels ; la présence encore vivante de certaines traditions spirituelles comme le Ndeupp, les Tuur et les Rab le montre.

Le Ndeup est une cérémonie rituelle, sorte de séance d’exorcisme, destinée à purifier l’âme et l’esprit de l’individu, pour le protéger des esprits maléfiques ou djinns. C’est une thérapie de groupe visant à guérir les personnes souffrant de troubles mentaux ou d’état dépressif.

La cérémonie du Ndeup possède des prêtresses spécialisées, appelées Ndëpkat. Elle se déroule sur une place publique où se retrouvent, sous le roulement des tams-tams,  parents et amis du malade ainsi que de simples spectateurs dans une très grande frénésie.

Tout, dans cette cérémonie, revêt une signification : les danses, le mil, les battements de tambour, les litanies prononcées. Très peu de personnes détiennent les secrets de cette cérémonie, qui se transmettent de génération en génération. Cette transmission se fait continuellement, en vue de garder jalousement les secrets de ce rite lébou.

Les Tuur et les Rabb sont les deux principes importants qu’on trouve dans la religion traditionnelle. Les Tuur sont les âmes des ancêtres méritants, ayant marqué la vie de la communauté, ou ayant été en adéquation avec les préceptes divins ; les Rabb sont des forces occultes, propriétaires d’un lieu le plus souvent.

Le nom Tuur est souvent précédé de Mame qui signifie ancêtre. A Yoff, Mame Gana Diop ou Mame N’Diaré, ayant marqué la vie de leur communauté de leur vivant font partie des âmes ancestrales, à qui les Yoffois adressent des prières d’hommages. À Rufisque, Tenguedj en Wolof, Mame Coumba Lamba est une ancêtre, âme protectrice de ce lieu. Les cérémonies en hommage aux Tuur sont appelées tuuru ; elles donnent lieu à de grandes festivités, sacrifices, prières, qui ont pour objet d’obtenir l’aide et la protection des Tuur ou génies protecteurs.

Ainsi, si on examine le cas de Rufisque, on note que depuis très longtemps, les populations de Rufisque se rendent à Ndéppé, un bout de terre situé à l’entrée de Diokoul, un quartier traditionnel de Rufisque où le génie tutélaire de la ville, Mame Coumba Lamba, a élu domicile, pour déposer des quartiers de viande, du mil ou encore du cola en guise d’offrandes ; toutes ces offrandes sont faites pour attirer des faveurs ou des bienfaits ou pour conjurer des malheurs.

De même, Les Lébous de Dakar, face à tous les dangers et malheurs qui peuvent frapper la capitale ou le pays, demandent aide et protection à Leuk Daour, génie protecteur de Dakar, qui habiterait entre l’Ile des Madeleines et la plage de Soumbedioune. Il serait le seul génie côtier masculin.

Cette même mission de protection est assurée à Gorée par Coumba Castel.

Les Rabb sont des forces occultes, propriétaires d’un lieu le plus souvent. Ainsi pour pouvoir habiter un lieu où vit un Rabb, il fallait des rites et cérémonies religieuses préalables, afin d’établir une harmonie entre la communauté, et toutes ces forces de la création, notamment les Rabb. Pour que cette harmonie puisse s’instaurer durablement, divers lieux de cultes (Xamb en Wolof), sont édifiés.

Voici présentés, peut-être à grands traits, les Lébous, peuple autochtone de la région de Dakar, peuple fier de sa culture et de ses traditions, peuple à l’hospitalité légendaire et ouvert à l’autre.

 

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