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République lebou et organisation politique

 

La première organisation sociale connue des Lébous reposait sur l’élection de Lamane. Ces derniers étaient les propriétaires de la terre et avaient le statut de chef de village, qui, en fait, se résumait au statut de chef de famille. Petit à petit, par besoin de sécurité et d’une meilleure organisation et par souci de matérialiser leur fort sentiment d’indépendance, de nouvelles structures se mirent en place, une fois terminés les conflits avec le Cayor.

Ainsi naquit ce qu’on a appelé « la République Lébou » ou « les Républiques Lébou ».

Les personnalités ou organes de la République Lébou sont les suivantes :

  • Le Serigne Ndakarou : Le chef supérieure de la collectivité lébou. Le premier Serigne Ndakarou a été l’Imam Dial Diop (1795 – 1815), qui mena la rébellion des Lébous contre le souverain du Cayor, Amadi Goné. Le Serigne Ndakarou est reconnu par le gouvernement sénégalais comme le chef des Lébous.

Dial Diop est d’une lignée issue d’une dynastie Wolof noble du Cayor, les Diop (ou Ndiobène). Ce sont eux qui ont pris le commandement de l’Etat Lébou au XIXe siècle.

La fonction de Serigne Ndakarou a été créée en 1790, du fait d’un fort besoin d’unité ressenti au sein de la communauté lébou ; ce besoin est lui-même né des mutations de la société, notamment celles entraînées par la progression de l’Islam. À l’origine purement religieuse, la fonction de Serigne Ndakarou consistait à rendre la justice selon la loi islamique. Le premier à en assumer la charge fut Dial Diop, un musulman de mère lébou ; son père, Amadou Diop, connu également sou le nom de Goudi Diop, était un notable et marabout wolof originaire de Coki (Cayor). Sous l’impulsion du même Dial Diop, le volet religieux de la fonction fut bientôt confié à un grand imam ; le Serigne Ndakarou, délesté de son rôle religieux, s’affirma alors comme le chef d’un Etat, qu’on a appelé la “République lébou”. Cet « État indépendant » fut reconnu par le Cayor et les habitants de l’île de Gorée (c’est-à-dire des colons français).

Chef supérieur de la Collectivité lébou, le Grand Serigne joue dans la hiérarchie des grands dignitaires lébous un véritable rôle de Président de la République. Il est assisté dans ses tâches d’un «Ndèye Djirew» (ministre de l’Intérieur, responsable de la propriété foncière), d’un «Saltigué» (ministre de la Défense), d’un «Ndèyi Ndiambour» (président des Assemblées consultatives), etc. Ces autorités coutumières constituent des contre-pouvoirs qui font qu’un Grand Serigne de Dakar est loin d’un dignitaire omnipotent. Il est fréquent qu’il soit fortement contesté, au point de devoir faire face à un, voire deux alter-égo qui animent une dissidence. Il peut même être destitué en plein mandat, comme ce fut le cas de Matar Diop, fils et premier successeur de Dial Diop ; il fut limogé par l’assemblée des « Ndiambour », suite à un grave différend ayant opposé sa famille au Damel du Cayor, Biram Fatim Thioub, en 1831.

Depuis, Dial Diop, les Grands Serigne de Dakar suivants se sont succédé :

1795-1815 : Dial Diop, 1er Serigne Grand Serigne de Dakar.

1815-1831 : Matar Diop, dont l’autorité fut fortement contestée par Matar Sylla.

1831-1855 : Elimane Diol, d’ascendance toucouleur, mais apparenté à Dial Diop par sa mère.

1855-1870 : Mouhamed Diop, fils de Matar Diop.

1870-1887 : Thierno Diop, surnommé « Dial Diop II ».

1887-1893 : Demba Fall Diop.

1893-1896 : Massamba Coki Diop N°1, d’ascendance cayorienne.

1896-1942 : Alpha Diol, fils d’Elimane Diol.

1915-1923 : Abdou Cogné Diop.

1923-1962 : El hadji Moussé Diop.

1932-1969 : El haj Ibrahima Diop.

1949-1950 : Abdoulaye Diop.

1969-1985 : El Momar Marème Diop.

1985-2013 : El hadji Bassirou Diagne, 4e Serigne Ndakarou à ne pas porter le nom « Diop », après Elimane Diol, Alpha Diol et Matar Sylla. Durant ses 27 ans de règne, Bassirou Diagne fut successivement contesté par El hadji Mame Youssou Diop, El hadji Libasse Diop, El hadji Ibrahima Diop et enfin Massamba Coki Diop.

2013- …… : Abdoulaye Makhtar Diop contesté par Pape Ibrahima Diagne, fils de Elhadji Bassirou Diagne ; il revendique lui aussi le titre de Serigne Ndakarou

 

  • Le Djaraaf : À la tête de chaque communauté ou village lébou, on trouve donc le Djaraaf qui remplit un rôle équivalent à celui d’un chef de gouvernement.

 

  • Le Ndey Dji Rew : aux côtés du Djaraaf, le Ndeye Dji Rew a un quasi statut de ministre de l’Intérieur et des Affaires étrangères. Ndeye Dji Rew signifie mot à mot “mère du peuple”. Cette fonction n’est cependant pas remplie par une femme mais par un homme considéré comme une “mère” traditionnelle personnifiant le totem du village.

 

  • Le Saltigué : Il apparaît comme un ministre de la Défense, chargé de la terre, de l’eau et des cultes ; au titre des cultes, il doit s’assurer que les récoltes et la pêche seront bonnes en apaisant le totem qui est attaché au village.

Les titulaires des fonctions de Djaraf, Ndeye Dji Rew et Saltigué doivent nécessairement appartenir à des lignées matrilinéaires (khêt) différentes. Cette mesure découle de l’intention déclarée d’éviter que tous les pouvoirs puissent être concentrés entre les mains d’une seule famille, ce qui équivaudrait à un régime monarchique.

Les trois personnages, Djaraf, Ndeye ji rew et Saltigué, sont assistés par des assemblées : le Djambour ou conseil des anciens et l’assemblée des Freys.

  • Le Djambour ou Conseil des anciensse compose de résidents authentiques et hautement expérimentés. C’est à ce même Djambour que revient d’élire le Djaraf, le Ndeye Dji Rew et le Saltigué.

 

  • L’Assemblée de Freysregroupe les personnes qualifiées de “jeunes”, c’est-à-dire les hommes âgés de cinquante-cinq ans environ. Ils constituent une sorte de police chargée du maintien de l’ordre et de l’exécution des décisions du Djambour.